Chroniques

LA PLUME DU FAUCON

Vous trouverez ici plusieurs articles traitant principalement des tendances sociales reliées à la vie de couple. M. Leblanc est chroniqueur pour divers journaux et magazines et son style d’écriture a beaucoup fait parler de lui. Sujets chauds, saupoudrés d’humour, il aura bonne plume pour chacun des lecteurs.

CHRONIQUE
Nos luttes de territoires (publiée le 10 avril 2017)
Vivre ensemble c’est partager un territoire commun. Pour autant nous gardons des territoires personnels mais, avec l’intimité, nous n’en connaissons pas toujours bien les limites. C’est de là que souvent des luttes s’installent…

Mon territoire personnel

Mon territoire personnel ce sont mes affaires.

-Je ne trouve pas mon téléphone. Je te suspecte, je te demande où tu l’as mis…

-Je ne supporte pas qu’on touche à ce qui m’appartient.

Mon territoire c’est aussi un domaine que je considère comme le mien : mon bureau, mon placard, mon petit-déjeuner en écoutant les informations, mon jogging du dimanche matin…
J’y suis chez moi, libre de mes choix. C’est un refuge où je régénère mes forces…
Ce territoire je le protège.

-Je cache mon stylo car, dans cette maison, impossible de trouver un crayon.

-Inutile de m’appeler quand je suis au jardin, c’est un moment pour moi.

-Mais quand c’est toi qui te retires dans ton domaine, ce n’est pas toujours facile à accepter.

Des tâches à partager

Entre nous, une répartition des tâches s’est mise en place de manière naturelle, au fil du temps, en fonction de ce que nous sommes, de notre disponibilité, de ce que nous recherchons…

-Tu cuisines la semaine, moi le week-end, cet équilibre nous convient.

-En faisant les courses, je choisis les produits que je veux.

Je suis à l’aise dans les tâches qui me reviennent, mais du plaisir à la corvée, la frontière est mince.

-J’écris avec facilité. C’est donc moi qui réponds au courrier mais parfois cela me pèse que tu comptes sur moi.

Cela m’arrange de te laisser certaines tâches mais parfois la dépendance me gène. Est-ce que j'ai encore ma place ?

-Je profite de tes compétences sur l’ordinateur car je n’ai pas envie de m’y mettre. Mais quand tu es absente je regrette de ne pas pouvoir me débrouiller.

Cette répartition des tâches nous semble-t-elle équitable ? Si non, sommes-nous réellement prêts à en changer ?

-Je me plains d’être seul à me soucier des cadeaux de Noël, mais j’ai peur qu’avec toi la question soit vite « expédiée ».

Habiter le territoire commun

Nous partageons le même espace, mais chacun a tendance à se l’approprier.
Quelle place pour chacun ?

-Les enfants ont leur chambre, moi je n’ai pas une table où faire du courrier, pas d’endroit où ranger mes affaires.

Quel territoire ai-je du mal à partager ? Qu’est-ce que je défends ?

-Je déplace ce que tu as mis au lave-vaisselle pour le disposer à ma façon, bien plus rationnelle à mon avis.

J’envahis le territoire

Parfois je prends mes aises dans notre territoire commun, ou alors j’envahis le tien, manu militari ou en catimini, peut-être sans m’en rendre compte... et c’est ta colère qui me le révèle.
Je fais ce que je veux !

-Je jette une invitation qui ne m’intéresse pas… mais tu tenais à t’y rendre !

-J’agis pour ton bien !

-Je range tes affaires parce que je vois bien que tu ne t’en sors pas.

Mon territoire est envahi

Impression ou réalité ? En tout cas, ici et maintenant, je le vis comme tel !
Est-ce que j’esquive ?

-Tu me parles depuis une autre pièce et je me déplace pour t’entendre. Après coup je m’en veux : ce n’est pas à moi de bouger !

Est-ce que je contre-attaque de manière vigoureuse ?

-J’ai dégagé une étagère pour y mettre mes dossiers mais tu l’envahis avec tes classeurs. Dans ma colère je les empoigne et les balance au milieu de la pièce.

Est-ce que je me laisse envahir et pourquoi ?

-Tes chaussures finissent par envahir tout l'espace de notre placard.

Comment m’affirmer sans dominer ? En précisant les limites de mon territoire pour mieux le faire respecter… et en m’impliquant aussi dans ce qui m’intéresse moins !

Lutte et concurrence

Nos luttes de territoire reflètent des conflits d’intérêts.

-Je souhaite éviter tout apparition de buée sur le pare-brise. Toi tu t’enrhumes dès que je fais entrer de l’air. 

Chacun est sûr de son bon droit, mais que nos luttes soient ouvertes ou souterraines, ces conflits sont sans issue car nous n’avons pas le pouvoir de changer l’autre.

-Moi qui garde tout, toi qui jettes tout, quel mode de fonctionnement pouvons nous trouver ensemble ?

De la trêve à la paix durable

Et si au lieu de nous battre pour un territoire comme s’il s’agissait de survie, nous mettions notre énergie au service de notre relation ?
Tout un programme qui consiste à me changer intérieurement pour mieux t'accepter.
Cela commence par me rassurer sur ma propre valeur, lâcher prise de ce qui m’appartient, cultiver ma liberté par rapport à mes habitudes, mes principes…
C’est aussi renoncer à l’ingérence, te respecter, t’écouter vraiment, et accepter ton regard sur mon propre domaine.

« En couple, ce que l’un perd, l’autre, souvent, le perd aussi.» Pascal Duret

Alors choisissons le bon combat : celui de l’amour. Rude bataille, tant, par nos différences, nous nous égratignons au quotidien !




Par: inconnu
Sur: www.vivre-et-aimer.org