Chronicles

THE WRITINGS OF FAUCON

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CHRONIQUE
Couple: pourquoi choisit-on souvent la mauvaise personne? by Caroline Franc Desages (published on 7 October 2016)
Pervers narcissique, personne possessive ou manipulatrice: nous avons souvent tendance malgré nous à retomber dans des schémas amoureux insatisfaisants avec des partenaires qui se ressemblent.
Pourquoi cette répétition alors que nous savons dès le départ que notre histoire est vouée à l'échec?
Comment en sortir?

Gaëlle a 38 ans. Depuis longtemps, elle enchaîne les relations amoureuses vouées à l'échec.
Le point commun des hommes qu'elle choisit? Une certaine propension à la maltraitance et une incapacité manifeste à s'investir durablement.
Sandrine, 35 ans, multiplie elle les aventures avec des hommes ayant des comportements addictifs:
"Je ne m'en rends pas compte immédiatement, mais mes trois derniers conjoints avaient tous un problème avec l'alcool ou le cannabis.
A croire que j'ai un radar pour ça."

Comment expliquer que certaines personnes tombent toujours sur le même genre de partenaire, qui ne leur convient jamais?
Comment mettre fin à ces échec programmés et enfin tomber amoureux(se) de quelqu'un qui nous veut du bien?

"Nous allons bien souvent vers ce que nous connaissons"

"Je constate presque quotidiennement ce problème dans ma pratique thérapeutique, constate Géraldyne Prévot Gigan, psychopraticienne et auteure de l'ouvrage Le grand amour se préparer à la rencontre, (éd. Odile Jacob).
C'est un motif extrêmement récurrent de consultation, souligne-t-elle.
Au cours de l'enfance et de l'adolescence, nous élaborons une certaine vision du monde, en nous fabriquant des références, des modèles.
Ces derniers sont issus d'une transmission familiale ou sociale et sont parfois éminemment dysfonctionnels. Or, nous allons bien souvent vers ce que nous connaissons.
Nous nous jetons alors à corps perdu dans des relations vouées à l'échec, tout en ayant conscience qu'elles échoueront", détaille Géraldyne Prévot-Gigan.

Aller au bout de son histoire personnelle

Gaëlle a fini ainsi par comprendre avec l'aide de sa psy que sa mère jouait un rôle central dans son parcours amoureux. "Elle m'a eue très jeune, alors que mon père venait de mourir.
Elle m'a toujours considérée davantage comme une soeur que comme sa fille et a passé sa vie à me dénigrer.
Pour moi l'amour se résume donc à cela, être rabaissée. Et forcément, je vais vers des hommes qui 'm'aiment' en me faisant du mal", se désole-telle.
"Tant que l'on n'est pas allé au bout de cette histoire personnelle, on continuera de s'investir avec de mauvaises personnes", reprend Géraldyne Prévot-Gigan.
"J'ai vécu sept ans avec un homme alcoolique, que j'ai quitté, raconte Myriam, 42 ans. Dans les semaines qui ont suivi, j'ai rencontré un autre homme, alcoolique repenti.
Il a replongé pendant ma grossesse. Je suis partie avec mon bébé de deux mois."
16 ans plus tard, Myriam constate qu'elle continue à enchaîner les histoires "foireuses", avec des hommes qui ne semblent jamais pouvoir l'aimer comme elle le souhaiterait.
"J'ai enfin décidé d'entamer une thérapie pour comprendre. Il m'a fallu du temps avant d'arrêter de me dire 'je n'aijamais de chance'. J'ai dû admettre que le même
schéma se répétait inlassablement car je le rendais possible", détaille Myriam.

Expérimenter pour s'émanciper

Si l'on peut voir dans le vécu de Myriam, Gaëlle ou Sandrine une certaine tendance au masochisme, mieux vaut aussi creuser plus avant, estime Géraldyne Prévot-Gigan.
Il faut peut-être, suggèret- elle, passer par cette répétition pour prendre conscience de ses propres manquements.
Autrement dit, certain(e)s d'entre nous ont besoin d'expérimenter ces relations avec les mauvaises personnes pour parvenir à s'en émanciper.
"C'est un symptôme et comme tous les symptômes, il a une fonction, il dit quelque chose de nous. Dès lors que l'on commence à y réfléchir, on commence petit à petit à sortir de ce schéma", rassure la psychopraticienne.

Établir une cartographie

Cette dernière tente avec ses patients d'établir un profil des personnalités vers lesquelles elles continuent d'aller.
"Face à un tiers, on identifie plus facilement les points communs et les signes qui doivent nous alerter. Une fois cette 'cartographie' établie, il est plus aisé de reconnaître les
comportements qui vont nous amener à vivre une fois de plus le même échec."
Mais attention, la "guérison" ne s'opère pas comme par magie.
Géraldyne Prévot-Gigan observe d'ailleurs souvent que pendant la thérapie, certains de ses patients font à nouveau une rencontre similaire.
"Ils la vivent en conscience et tout se fait alors en accéléré. Ils réagissent beaucoup plus vite et la plupart du temps y mettent fin avant de souffrir. C'est en général assez radical."

Se convaincre que l'on mérite d'être aimé(e)

Il faut aussi, ajoute la thérapeute, s'efforcer d'avoir une vision moins binaire de l'amour.
"On associe souvent virilité et domination. Les personnes attirées par des hommes ou des femmes toxiques pour elles ont souvent tendance à considérer la gentillesse comme une faiblesse, à être assez manichéennes dans leur vision de l'autre. Je les invite à revoir ces préjugés et à imaginer d'autre profils amoureux qui pourraient les rendre heureuses." Et de suggérer également une réflexion sur l'estime de soi et la nécessité de se convaincre que l'on mérite d'être aimé(e) et apprécié(e).
Surtout, conclut Géraldyne Prévot-Gigan, il faut éviter de culpabiliser. "Beaucoup de mes patient(e)s s'en veulent de cette répétition et s'accusent d'être responsables de leur infortune amoureuse.
Cela ne sert à rien. Il faut se rappeler que l'on apprend à chaque rencontre. On avance à chaque histoire malgré tout. Nous nous devons de regarder notre chemin de vie avec bienveillance.
D'une certaine façon nous pouvons nous remercier d'avoir traversé une relation, même difficile, puisqu'elle va nous permettre d'aller, le moment venu, vers l'homme ou la femme qui sera la preuve vivante que nous nous sommes sortis de ce schéma délétère."


article Par Caroline Franc Desages
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